Contrôle technique des scooters et motos : le gouvernement se réjouit du dispositif malgré le désaccord des motards

Le contrôle technique des scooters et motos, instauré pour renforcer la sécurité routière, continue de susciter de vives discussions. D'un côté, le gouvernement promeut le dispositif comme un succès, tandis que de l'autre, les motards, représentés par la Fédération française des motards en colère (FFMC), expriment leur mécontentement. Alors que plus de 800.000 véhicules ont déjà été inspectés, la question demeure : cette mesure est-elle vraiment bénéfique pour tous ? Explorons ensemble les tenants et aboutissants de ce dispositif controversé.

Le bilan des premiers mois du contrôle technique des motos

Mis en place le 15 avril 2024, le contrôle technique des deux-roues est devenu rapidement une obligation légale. Selon les dernières données du ministère des Transports, environ 800.000 véhicules de la catégorie L ont passé le contrôle, dont plus de 621.000 motos. Ces chiffres sont jugés satisfaisants par le gouvernement, qui voit là un signe positif pour la safety sur les routes françaises.

Des chiffres encourageants pour le gouvernement

Le gouvernement se félicite de ces résultats, considérant cela comme un « succès » pour une première année d'implémentation. Il souligne que :

• Plus de 800.000 véhicules contrôlés
• Un taux de participation plutôt élevé au regard des réticences initiales
• Un objectif de sécurité routière renforcé

Cela dit, cette perception positive tranche radicalement avec celle des motards, qui semblent largement mécontents du dispositif actuel.

Les retours des motards : une mobilisation contre le dispositif

Pour la Fédération française des motards en colère (FFMC), la situation est bien différente. Selon leur analyse :

• Moins de 500.000 motos se sont présentées, représentant 80% de non-participation.
• Le parc de deux-roues est estimé à 4,6 millions de véhicules, dont beaucoup ne passent pas le contrôle.

Ils soutiennent que ce contrôle technique, tel qu’il est conçu actuellement, ne répond pas aux attentes des utilisateurs. La réticence à participer à cette mesure montre l’ampleur du désaccord entre le gouvernement et les motards.

Les motifs de mécontentement des motards

Au-delà des chiffres, de nombreux motards expriment leur frustration face à l'ignorance potentielle des vérifications effectuées. Éric Thiollier de la FFMC évoque de nombreux retours d'expériences de motards ayant subi des contrôles.

Incompréhension des contrôleurs techniques

D’après les retours, une incompréhension flagrante des spécificités des motos pourrait conduire à des rejets injustifiés. Par exemple :

• Des motos recalées à cause de jeux sur des pièces qui sont, en réalité, normales, comme des disques flottants de frein.
• Des contrôleurs ayant suivi une formation de seulement 34 heures pour appréhender les particularités des deux-roues.

Ces facteurs amènent les motards à se questionner sur la pertinence et le sérieux des contrôles techniques actuels.

Appel à une révision des normes techniques

Franck, un motard de longue date, ajoute que beaucoup de motards ressentent un profond attachement à leurs machines. Pour lui et bien d'autres, l’état de la route et les infrastructures sont des priorités à améliorer avant d’imposer des normes techniques. Selon lui :

• Mieux vaut investir l'argent dans l’entretien des chaussées.
• Résoudre des problèmes tels que les nids-de-poule ou les revêtements glissants.

La préoccupation première des motards est avant tout la sécurité sur la route, et non un contrôle jugé inefficace.

Les résultats des premiers contrôles techniques : une lumière sur l’entretien des motos

Malgré le désaccord des motards, des professionnels du secteur soulignent l'importance de ce contrôle. Selon Bernard Bourrier, PDG d’Autovision, une inspection minutieuse a mis en lumière de nombreux problèmes d'entretien.

Taux de défaillance alarmant

Les premiers résultats des contrôles montrent que près de 9 à 10% des véhicules présentent des défaillances significatives. Les défaillances concernent principalement :

• Des pneumatiques usés ou endommagés
• Des émissions de polluants trop élevées
• Des amortisseurs défaillants

Cela soulève un point crucial : sans un contrôle, combien de motards circuleraient sur des motos potentiellement dangereuses ?

Contrôle adapté aux spécificités des deux-roues

Cependant, des interrogations persistent quant à l’adéquation des contrôles. Bernard Bourrier rappelle que les deux-roues ne peuvent pas passer sur des bancs de freinage standards, rendant le contrôle partiel. Cela signifie que certains aspects de la sécurité restent sans évaluation. Le gouvernement insiste donc sur l'importance de ce dispositif pour renforcer la safety des deux-roues sur les routes françaises.

Le souffle d’un changement : vers une meilleure réglementation ?

Alors que la FFMC prévoit des actions pour renforcer sa voix, le gouvernement reste attentif à la nécessité d'améliorer le dispositif du contrôle technique. Les discussions en cours pourraient ouvrir la voie à des ajustements nécessaires pour apaiser les tensions.

Une révision des délais de contrôle

Selon les dernières mesures, le dispositif sera progressivement étendu à d'autres véhicules, assurant que :

• Les motos immatriculées avant 2017 sont concernées pour cette première phase jusqu'à 2024.
• Entre 2025 et 2026, d’autres modèles seront soumis aux contrôles.

Cela laisse présager une série d’adaptations qui prendront en compte les besoins et les attentes des motards.

Un accompagnement des motards en vue

Des initiatives pourraient également voir le jour pour améliorer l’information des motards sur les normes techniques et l’entretien. Cela inclut :

• Des campagnes de sensibilisation sur l’importance de l’entretien régulier.
• Des formations de contrôle visant à améliorer les connaissances des inspecteurs techniques.

Ces actions sont essentielles pour restaurer la confiance des motards dans le dispositif, tout en renforçant la sécurité sur les routes.

L'impact économique du contrôle technique sur les motards

Le contrôle technique peut également engendrer des répercussions économiques significatives pour les motards. En effet, les frais liés à ces contrôles, ainsi que les possibles réparations, peuvent peser sur le budget des passionnés de deux-roues.

Les coûts liés au contrôle technique

D'ici quelques années, le contrôle technique pourrait devenir une source de dépenses non négligeable pour les motards. Ces coûts incluent :

• Les frais de contrôle technique lui-même
• Les réparations nécessaires pour passer le contrôle
• Les possibles amendes pour ceux qui ne respectent pas la législation

Il est impératif de réfléchir à une solution équitable qui n'alourdirait pas le coût de la passion des motards.

Une pression sur les petits budgets

Pour de nombreux motards, qui circulent avec des modèles anciens, ces nouvelles normes pourraient rendre la pratique de la moto insoutenable sur le plan financier. Cela pose la question de l'équité pour tous les utilisateurs de deux-roues. Les motards doivent être pris en compte lors de l'élaboration de politiques publiques.

Perspectives et avenir du contrôle technique des scooters et motos

Alors que le dispositif est encore en phase d'adoption, il est essentiel d'écouter la voix des motards. Ce contrôle technique, bien qu'important pour la safety, doit être appliqué avec discernement.

Une nécessité d'adapter le contrôle aux usagers

Pour garantir une sécurité optimale et une meilleure acceptation du contrôle, il serait judicieux de :

• Évaluer régulièrement la pertinence des contrôles effectués.
• Organiser des consultations avec des représentants de la communauté motarde.

Ces dispositifs garantiraient que les mesures mises en place répondent aux réels enjeux de l’entretien et de la sécurité routière.

Un règlement qui doit évoluer

Il est primordial que le contrôle technique, annoncé comme un grand pas vers la sécurité, évolue avec le temps. Des ajustements, notamment en termes de normes techniques et de communication avec les motards, sont nécessaires pour garantir l’efficacité du système. La confiance doit être rétablie pour que les motards adoptent pleinement ce dispositif.

Source: www.lefigaro.fr